- Energie & environnement - Frédéric Burnand
Pénurie d’électricité : urgence d’approvisionnement ou urgence climatique ?
Plus l’été avance, plus la certitude s’installe, nous n’échapperons pas à une pénurie d’électricité, dans quelques mois. En matière de gaz pour commencer, la Suisse est entièrement dépendante des importations. Le Conseil fédéral, pour éviter le pire, fixe un objectif d’une baisse « volontaire » de la demande de 15%. Pour l’électricité ensuite, produite en partie chez nous et importée jusqu’à 40% en hiver, l’heure est grave aussi, puisque nos pays voisins, la France en premier lieu, auront de la peine à nous fournir le courant souhaité. Il est donc temps de se poser la question : comment allons-nous pallier le manque cet hiver, ainsi que les deux ou trois prochains ?
Car si nous nous dirigeons vers une augmentation drastique des surfaces de panneaux photovoltaïques, un rehaussement de nos barrages, voire l’édification de nouveaux ouvrages du genre, la réalisation utopique d’un réel parc éolien suisse et la construction – pourquoi pas – de centrales nucléaires de nouvelle génération, toutes ces mesures plutôt favorables pour notre climat en matière d’émissions de CO2 ne seront pas efficientes avant plusieurs années.
Notre consommation va continuer d’augmenter puisque notre population croît et que nous électrifions tout, y compris nos transports. Pour être cohérents, nous devons trouver comment produire du courant en attendant d’être capables de réaliser notre transition énergétique.
Et cela urge car des coupures d’électricité ou, pire, un blackout, auraient des conséquences financières désastreuses pour notre économie et de nombreux emplois seraient en péril. Osons l’écrire : les enjeux sont suffisamment importants pour que nous agissions aujourd’hui afin d’assurer notre approvisionnement, quitte à repousser quelque peu notre neutralité climatique. En début d’année, le Conseil fédéral imaginait construire rapidement des centrales à gaz provisoires afin de produire la précieuse électricité. Mais avec la fermeture du robinet russe, il faudra trouver d’autres sources. Retenons tout de même l’activation de centrales de production d’électricité, non pas au gaz comme initialement imaginé, mais au mazout, puisque celui-ci ne manque pour l’instant pas. Certes, cette piste de secours rejetterait beaucoup de CO2 et constituerait une ineptie écologique, mais cela ne serait que plus incitatif pour réellement développer sans attendre des solutions photovoltaïques et hydrauliques, les sources renouvelables que nous maîtrisons le mieux aujourd’hui.